Quel choix feront les citoyens français d’origine amazigh (berbère) ?
La communauté Franco-berbère représente 2 à 2,5 millions de personnes en France. Ce sont des citoyens impliqués dans la vie économique, sociale et citoyenne du pays. Profondément attachés à leur culture d’origine, les franco-amazigh (berbères) portent les valeurs de la République chevillés au corps. Sans aucun doute, ils participeront à cette élection présidentielle et feront entendre leurs voix.
Suite aux incendies meurtriers qui ont ravagé la Kabylie en août 2021, plus de 50 000 franco-amazighs ont manifesté dans les rues de Paris pour exprimer leur soutien aux victimes. Ils ont également réaffirmer leur volonté de s’exprimer aux prochaines élections présidentielles et voter pour le candidat qui prendra en compte leur identité plurielle.
Alors, qui est ce candidat ?
À ce jour, aucun ! Souvent assimilés aux arabes ou aux musulmans, les franco-amazighs ne se reconnaissent pas dans les discours politiques qui leur collent une étiquette religieuse et une identité qui n’est pas la leur.
Non, les amazighs ne voteront pas Éric Zemmour !
Partout où il passe, Éric Zemmour n’a de cesse de rappeler ses origines berbères mais qu’a t-il de berbère hormis son nom ?
Le candidat d’extrême droite nous rappelle que son nom veut dire “Olivier” en berbère, soit, mais encore ? Mais encore rien ! Les amazighs sont connus pour leur pacifisme, leur générosité, leur solidarité, leur amour pour la liberté, et leur ouverture sur le monde. Depuis tous temps, ils luttent contre le racisme, les discriminations et l’entre soi. La laïcité, la liberté, la démocratie, le vivre ensemble et l’égalité entre les femmes et les hommes, sont autant de valeurs que les amazighs portent au quotidien, là où ils se trouvent dans le monde. En résumé, les amazighs sont tout ce que Zemmour n’est pas !
Nous n’avons absolument aucun point commun avec Éric Zemmour mais nous saluons sa position très ferme vis-à-vis du gouvernement algérien qui depuis 1962, réprime le fait identitaire amazigh (berbere). D’ailleurs, ce féru d’histoire rappelle régulièrement que les amazighs, peuple autochtone d’Afrique du Nord, ont été violemment colonisés par les invasions arabes qui leur ont pris leur terre.
Valérie Pécresse, en tant que Présidente de la région Île-de-France, a souvent apporté son soutien et sa considération à la communauté Franco-amzigh (Franco-berbère). Elle a co-financé la création de deux centres culturels berbères à Drancy et à Epinay (93), elle a octroyé des subventions aux associations culturelles amazighes, elle a soutenu de nombreux projets valorisant la culture amazighe, et finalement, elle a versé une aide exceptionnelle de 100 000 euros pour la Kabylie, suite aux incendies de l’été 2021.
Emmanuel Macron a réussi à sensibiliser de nombreux franco-amazighs en remettant en cause la légitimité du gouvernement algérien qui depuis l’indépendance, nie la culture amazighe. Le Président a affirmé que la construction de l’Algérie comme nation etait un phénomène à regarder et a posé la question d’une nation algérienne avant la colonisation française. Les franco-berbères ont eu l’espoir que le futur candidat à sa ré-elecrion reconnaisse l’histoire et l’identité berbères de l’Afrique du Nord mais ce denier a rétropédalé qualifiant ses termes de «malentendus».
Anne Hidalgo célèbre le nouvel an berbère,
chaque année dans les salons de l’hôtel de Ville. Depuis plus de 10 ans, avec Monsieur Delanoe, elle promet la création d’un centre culturel amazigh à Paris, qui ne voit toujours pas le jour. Des mots, encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots… “Chers franco-amazighs, vous êtes grands, vous êtes beaux, vous êtes l’âme de Paris”. Nous pourrions presque rajouter, “Prenez donc un verre et buvez à ma santé ! Rendez-vous l’année prochaine pour fêter ensemble le 11ème anniversaire d’une promesse non tenue”.
Jean-Luc Mélanchon capte l’attention grâce à ses grandes qualités oratoires mais les franco-amazighs regrettent son manque d’intérêt pour leur culture qui est pourtant celle de son pays de naissance, le Maroc. En 2017, lors de son discours de Marseille, il avait souligné l’apport des arabes et des berbères à la construction de la France mais depuis, plus rien, même pas un mot de solidarité en soutien à la Kabylie durant l’été noir 2021.
Les franco-amazighs attendent que les candidats les reconnaissent et les considèrent pour ce qu’ils sont. Si le politiques n’arrivent pas à les toucher, ils risquent comme leurs autres concitoyens, de se tourner vers l’abstention ou le vote blanc.